Victime de douleurs permanentes à la cheville droite, l’ancien attaquant du FC Metz, Bruno Rodriguez, a dû se résoudre à l’amputation. Neuf jours après son opération, effectuée à Nancy, le natif de Bastia s’exprime pour la première fois.
Une semaine après votre amputation de la jambe droite, comment allez-vous, Bruno Rodriguez ?
«Ça va. L’opération s’est bien passée. Je le prends plutôt bien. Et maintenant, je passe à la rééducation. J’ai hâte d’y être et d’être aussi à l’appareillage pour voir ce que ça va donner.»
Votre moral semble bon…
«Oui, il l’est. De toute façon, on n’a pas le choix. On ne peut qu’avancer.»
Après plusieurs années de problèmes physiques, cette opération était-elle devenue inéluctable ?
«Oui. Suite à toutes les infiltrations que j’ai faites pendant ma carrière, les entorses que j’ai eues, on a essayé de réparer, plus ou moins, ce qui était possible et ça n’a pas pu se faire. Mais là, j’avais trop mal. Je n’avais plus de vie. Donc on a pris la décision de couper.»
Une décision difficile à prendre, forcément…
«Difficile, oui, mais en même temps, je suis presque soulagé. J’ai hâte de voir ce que ça va donner : maintenant, il y a des matériaux assez performants, donc je pense que ça devrait bien se passer.»
Au cours de votre carrière, avez-vous été sensibilisé, par les différents staffs médicaux que vous avez côtoyés, sur les infiltrations ?
«Je ne veux incriminer personne, mais il n’y avait pas tant de prévention que ça.»
Éprouvez-vous des regrets ?
«Forcément.»
Vous avez été opéré à Nancy par le Professeur Daniel Molé et le Docteur Stéphane Barbary. Pourquoi ?
«Parce que j’avais confiance en eux. Le Professeur Molé m’a toujours suivi, notamment lors de mon passage à Metz.»
Quel protocole a été mis en place ?
«Ils travaillent avec le Docteur Éric Rolland, passé par le Paris Saint-Germain. Ils sont en relation et m’envoient dans un centre de rééducation à Paris, où je vais être bien accueilli et bien soutenu. J’y serai pour plusieurs mois. On prendra le temps qu’il faudra pour être bien.»
Comment imaginez-vous, aujourd’hui, la suite de votre vie ?
«J’espère que ce sera mieux que ce que j’ai vécu ces dernières années. J’étais au point mort. Je ne pouvais plus rien faire, je ne pouvais plus conduire, je ne pouvais plus sortir. Ce n’était pas évident. Ces dernières années n’ont pas été agréables à vivre.»
Suite à l’annonce de votre amputation, vous avez dû recevoir de nombreux témoignages de soutien…
«Énormément ! J’ai même été très, très surpris. Avec les réseaux sociaux, ça a pris une ampleur assez impressionnante. Mais j’ai été agréablement surpris. J’ai eu beaucoup de soutien de la part de pas mal de personnes : des supporters du Paris Saint-Germain, du FC Metz, d’un peu partout, de Gervais Martel, l’ancien président de Lens, Bastia m’a aussi beaucoup soutenu. Beaucoup d’anciens joueurs m’ont appelé.»
Une banderole a également été déployée dimanche au Parc des Princes lors de PSG-Bordeaux…
«Oui, ça m’a surpris. Ça prouve que j’ai laissé de bons souvenirs, je suis content, ça met du baume au cœur.»
Avez-vous envie de faire passer des messages à la génération actuelle, après cette opération hors du commun ?
«Je n’en suis pas trop là pour l’instant, mais pourquoi pas ? Je vais peut-être essayer de faire un travail là-dessus. C’est très, très important. Ce n’est pas anodin du tout de faire une infiltration. Si, au moins, mon exemple peut servir à ça, je vais peut-être me lancer là-dedans. Peut-être. Je ne sais pas encore. Psychologiquement, déjà, je vais essayer d’avaler tout ça et on verra.»
Vous affichez un moral d’acier…
«On n’a pas le choix. Je suis comme j’ai toujours été sur le terrain, un battant. On n’a pas le choix : soit on va de l’avant, soit on baisse les bras, et je ne suis pas comme ça. C’est pour cette raison que je voudrais essayer que mon cas serve à tout le monde.»
Avez-vous prévu de passer par Saint-Symphorien dès que vous irez mieux ?
«J’ai reçu l’invitation pour les 90 ans du club en avril. J’ai eu Carlo (Molinari) au téléphone mardi. Si je peux me déplacer, je viendrai avec grand plaisir.»
Maxime Rodhain – Le Républicain Lorrain